Vous n’êtes peut-être pas sans savoir que je me retrouve plâtrée pour six semaines… « Repos » obligatoire, difficile pour une hyperactive comme moi. Alors, j’ai profité d’un concert de chœur qui se profilait pour tenter de réaliser une reliure amovible, avec ma main restante!
Ce ne sera probablement pas la plus belle reliure du monde, mais c’est un défi intéressant en terme d’ingénierie.
Contraintes
Cette reliure devait me servir à maintenir mes partitions lors de plusieurs concert. En plus de devoir être « facile » à réaliser à une main, j’avais donc plusieurs contraintes :
- ouverture entièrement à plat
- suffisamment légère pour tenir sur le vieux pupitre de mon enfance
- pas de feuillet transparent (pour des raisons de reflets rendant, d’expérience, la lecture impossible en concert)
- une centaine de pages, simples, certaines en recto-verso
- amovible dans la mesure où l’ordre des morceaux pouvant varier d’un concert à l’autre je voulais pouvoir facilement changer l’ordre des pages
- maintenant suffisamment les feuillets pour ne pas me retrouver à tout jeter par terre en plein concert!
- ressemblant le plus possible au porte-partition de mes collègues choristes
Réalisation des cahiers
Je commençais par réaliser des cahiers recto-verso à partir de mes feuillets simples. Pour des raisons pratiques, j’ai constitué un cahier par morceau. Par conséquent, j’ai obtenu des cahiers de 2 pages ou bien de 15 pages.
En reliure traditionnelle, le scotch est proscrit pour des raisons évidentes d’atteinte au papier et de durabilité (voir l’article). En temps normal, lorsque je réalise cette même étape, je monte simplement mes feuillets sur onglets, c’est à dire que je les colle l’un à l’autre à l’aide d’une fine bande de papier.
Dans le cas présent, je ne voyais pas comment réaliser cela, sur autant de pages, avec ma seule main valide. J’ai donc, honteusement, collé mes pages avec du scotch (chuuuuut) pour avoir des sortes de grands accordéons qui une fois repliés donnent une vision continue des pages et limitent ainsi les « tournes » au moment de chanter. Comme c’est une reliure éphèmere dont la durée de vie s’arrêtera à la fin de la série de concerts, c’était une option rationnelle.
Ensuite, j’ai encollé le dos de chaque cahier avec de la colle vinylique pour finaliser mes cahiers.
Les plats
Pour réaliser les plats, j’ai décidé de sacrifier un vieux porte-partition de choriste.
L’avantage : il avait le bon format au niveau des plats et était déjà noir ce qui me faciliterait la tâche.
En revanche, son dos était beaucoup trop étroit pour le nombre de pages à y insérer. De plus, ce type de porte-partitions est prévu pour ne s’ouvrir qu’à 120° pour des raisons esthétiques et pratiques car il correspondrait à la position idéale d’un choriste …. sauf que dans ces conditions, il ne tient pas sur un pupitre!
J’ai donc coupé les liens, extérieurs et intérieurs (aucune utilité pour une ouverture à plat) et séparé les deux plats. Pour le dos, avec l’aide de mon fils, je coupai une fine bande de carton de deux centimètres. Plutôt que du carton bleu utilisé habituellement en reliure (non acide) j’utilisai un morceau de calendrier mural suffisamment rigide mais surtout facile à couper avec une pointe de cartonnier et/ou un cutter.
J’ai ensuite habillé mon dos et mes plats, coté intérieur avec de la toile noire.
Reliure Amovible
C’est là que les principales difficultés sont intervenues. J’avais pour idée initiale de simplement percer 2*11 trous dans mon dos (un pour chaque cahier) afin d’y faire passer une ficelle qui me permettrait ensuite de glisser chaque cahier. Mais, à une main, impossible de manipuler mon aiguille et surtout je craignais qu’avec un fil trop fin je « galère » ensuite à glisser/changer mes partitions.
J’ai alors réfléchi à créer un pliage de type « blizzard book » mais à nouveau, il me manquait une main pour pouvoir être suffisamment précise. J’ai donc dû trouver une autre solution.
Finalement, les solutions les plus simples sont parfois les plus efficaces : un morceau de fer glissé dans l’interstice entre le dos et les plats qui forme une triple boucle en tête et en queue. Puis j’ai simplement tissé des aller-retours avec un fil relativement épais.
Ensuite, il m’a suffit de recouvrir le dos coté extérieur pour masquer cette boucle et d’y glisser mes partitions!
Concert
Cette reliure est prête pile à temps pour les concerts du Choeur Ad Libitum ce Week-end … on s’y retrouve ?
Au final, même si cette reliure esthétiquement n’est pas parfaite, j’ai trouvé très stimulant de réfléchir ainsi à sa faisabilité. Un peu comme si, le chemin avait plus d’importance que le résultat… A l’avenir je pense essayer d’améliorer ce type de structure (évidemment avec deux mains cela sera encore plus simple!) car je suis certaine que cela pourrait avoir une utilité pour d’autres! D’ailleurs, si vous avez des suggestions ou remarques n’hésitez pas !
Ah ben t’as gagné !!! Vla que j’ai « Ronde catonga » dans la tête et « Alfonsina y el mar »????????… Ça faisait longtemps !!!!
Bravo pour ta perseverance et ce travail réalisé à une seule main !
J’espère que ça tiendra sur ton pupitre niveau poid du coup !
Bravo quelle énergie! Et encore un article très intéressant. Merci
haha ! on ne se refait pas ! Merci pour tes encouragements!
Qu’elle délicatesse ! Bravo à toi.. Douce fin de soirée.. Bises Brunella
Oh merci beaucoup ! 🙂