Comme dans un livre, la vie s’écrit, se romance au besoin, de temps en temps peut être poétique et parfois, nécessite qu’on en change le récit. J’ai donc décidé, non sans difficulté, de tourner une page pour en commencer une autre. C’est ainsi qu’un jour, j’ai poussé la porte de l’Atelier de Reliure de Cécile Coyez.
La peur au ventre, prise de vertige par ce que je m’apprêtais à faire, mais à la fois fébrile et heureuse d’avoir pris la décision d’une reconversion professionnelle. Oui, il s’agit de ça. Deux mots dont on entend beaucoup parler, presque banalisés, mais je vous assure lorsque c’est votre propre cheminement, c’est une tout autre histoire !
Pas courageuse pour deux sous, je n’ai rien dit à Cécile à notre premier contact et me suis inscrite à ses « Ateliers Créations », l’air de rien. Ou plutôt si, l’air d’une cliente lambda souhaitant passer quelques heures à utiliser ses dix doigts avec les conseils avisés d’une professionnelle et peut-être parvenir à réaliser quelque chose de fabuleux. En réalité ce qui a été fabuleux, ce n’est de loin pas mes premiers résultats en Reliure, mais bien la personne qui incarne cet Atelier. Cécile sait et aime transmettre et cerise sur le gâteau, le fait dans la bonne humeur.
Ainsi, de Reliure Japonaise en Reliure Secrète Belge, en passant par la Reliure Bradel et autres Carnets en Cuir, j’ai pris un « abonnement »…non, en réalité je me suis incrustée au 1 bis rue du Doubs. Il m’a bien fallu plusieurs visites et séances pratiques pour réussir à dire à Cécile, les yeux dans les yeux, pourquoi j’étais là et que ce n’était pas du tout par hasard.
J’aurai effectivement pris mes jambes à mon cou si j’étais tombée sur une toute autre personne qu’elle. Bienveillante, pédagogue, heureuse de transmettre, investie, avide d’échanges et de rencontres, maitrisant son Art avec passion, tellement créative, le tout emballé dans un papier cadeau ultra joyeux (elle ne va pas du tout aimer que je vous écrive ça). Je n’avais donc plus aucun argument pour me défiler et c’est elle qui a fini de me convaincre concernant cette décision un peu folle (en réalité totalement barrée) que je venais de prendre, changer de vie pour écrire un nouveau chapitre. Quand vous êtes à la croisée des chemins, comme moi à ce moment là, une telle rencontre ça n’a pas de prix !
Les métiers de l’Artisanat d’Art sont fascinants, la Reliure-Dorure tout particulièrement, tellement enthousiasmante à tout point de vue. Et caresser l’espoir de pouvoir un jour faire partie de ces Artisans d’Excellence qui œuvrent pour la préservation du Patrimoine Culturel, qui transmettent un savoir-faire séculaire et se réinventent à travers leurs créations uniques et esthétiques, est évidemment plus que motivant. Alors me diriger sur cette voie aux côtés d’une personne aussi engagée…que demander de plus ? Et bien finalement que les planètes s’alignent et ce fut le cas ! Lorsque j’ai déboulé dans son Atelier, Cécile entamait justement les démarches pour devenir Centre de Formation et a accepté d’être mon Maitre (terme consacré dans ces métiers) et ainsi que je sois son Padawan (terme pas du tout consacré dans ce métier…vous l’aviez compris).
Ainsi le nouveau chapitre de ma vie s’est ouvert depuis quelques semaines déjà, avec le « CAP Art de la Reliure-Dorure » en ligne de mire. Toutefois, bien avant cette épreuve ultime, il faudra travailler, écouter, répéter, recommencer, travailler encore, redoubler d’efforts pour espérer s’améliorer, le tout ponctué par des phases de découragement. Des gestes à apprendre, des outils à apprivoiser (étau, cisaille, presse, cousoir…), des matières à dompter (cuirs, toiles, papiers…), des techniques à maîtriser (réparer, endosser, emboiter, parer, dorer…), de la rigueur et de l’organisation à acquérir, de la créativité à exprimer. En somme, tout un nouvel univers avec un programme au combien chargé, mais tellement réjouissant au côté de ma formatrice qui sera donc pour les mois à venir mon Maitre Yoda (attention, ne vous méprenez pas, heureusement pour elle, elle ne lui ressemble pas du tout !!).
En relisant ces quelques lignes, ce témoignage ressemble davantage à une Nouvelle ou un mini Conte, alors peut-être y aura-t-il une suite, mais pour l’heure je dois me remettre à la tâche, puisque j’ai repris le chemin de l’école et que ma prof me donne des devoirs (débrocher, endosser, couper, coller, rogner, coudre, emboiter, ajuster, poncer, équerrer,…). Ce qui est certain, c’est que les pages et les chapitres qui suivront seront désormais écrits à quatre mains.
Ainsi, après avoir parcouru ces paragraphes, si vous avez un ouvrage qui vous est précieux, que le temps a un peu abîmé (voire beaucoup), auquel vous souhaitez donner un nouveau lustre, une nouvelle vie ou tout simplement personnaliser, réveiller, donner du peps à une œuvre endormie, vous savez désormais où et à qui les confier en toute sérénité (pas à moi…évidemment…visiblement certains n’ont pas été très concentrés lors de cette lecture !). »
Thaïs, Novembre 2021